Pour la rentrée au ciné-club,
un film dédié
« à la mémoire de ceux qui nous ont fait rire »
(Sullivan’s travels)
Etats Unis 1941 – 1h35
Réal.Scenario : Preston Sturges -- Images : John F. Steitz -- Musique : Leo Shuken, Charles Bradshow -- Interpr. : Joël Mc Crea, Veronica Lake, Robert Warwick, William Demarest, Franklin Pangborn
Lassé des frasques d’Hollywood, John L. Sullivan, jusque-là réalisateur de comédies, décide de tourner un film qu’il veut plus dramatique et plus ancré dans la réalité. Vêtu tel un vagabond, avec dix cents en poche, il entreprend un voyage initiatique pour mieux comprendre les milieux défavorisés. Sur la route, il croise une actrice désenchantée qui décide de l’accompagner dans son expédition…
Quand Sturges, roi du cinéma « allumé » traite de son propre art, le cocktail ne peut qu’être explosif, sans pour autant exclure une vraie tendresse. Ce n’est plus seulement un conte, ce n’est pas uniquement une apologie du rire ou une stigmatisation du sérieux, c’est bel et bien le destin de la figure du cinéaste qui, de l’homme de coeur à l’homme de peine, en passant par le néant, s’offre aux yeux du spectateur, semblable et frère de Sullivan à la fin de la projection.
Le film est dédié « à la mémoire de ceux qui nous ont fait rire »
pour avoir allégé notre fardeau.
L’argument est d’ailleurs assez étonnant pour l’époque : Sullivan (d’origine irlandaise, comme Preston Sturges), un riche réalisateur de comédies en mal de réflexion sociale, veut faire un film "sociologique et artistique" à la Capra, quand ses producteurs lui réclament un musical. Moqué par ses derniers qui lui reprochent de ne rien connaître à la misère, Sullivan décide de se travestir en mendiant et de vivre un temps sans le sou. Lire la page complète
Analyse critique de dvdclassik.com :
Cinéaste indubitablement attaché à la Paramount, Preston Sturges est aujourd’hui un grand nom de Hollywood un peu oublié. Réalisateur peu prolifique, avec à peine douze films mis en scène entre 1940 et 1955 (1), Sturges fut pourtant l’un des chantres d’un cinéma racé, distingué et fort bien conçu, typique de la firme à la montagne auréolée d’étoiles. Ernst Lubitsch parti depuis la fin des années 1930, et venu tenter sa chance chez d’autres studios (la MGM, la 20th Century Fox), on peut imaginer que la Paramount a délibérément recherché un substitut, quelqu’un capable de concentrer ses efforts autour de sujets de société bourgeois et provocateurs, subtils et classieux. Après Lubitsch, et avant que Billy Wilder ne vienne incarner un cinéma percutant et foisonnant (2), Preston Sturges apporte un point de vue de cinéma frais et dynamique, relevé en règle générale par d’audacieuses idées de scénarios, entre canaillerie et bienveillance. Lire la page complète